Page:Tolstoï - Religion et morale.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et la patrie, et l’humanité s’il le faut, pour ne pas s’écarter de la volonté de Celui qui l’a envoyé. Car c’est seulement dans l’accomplissement de cette volonté qu’il trouve le sens de sa vie.

La morale ne peut être indépendante de la religion puisque non seulement elle est une conséquence de la religion (c’est-à-dire du rapport dans lequel l’homme reconnaît être avec l’univers), mais qu’elle se trouve d’ores et déjà impliquée[1] dans la religion. Toute religion est une réponse à la question : Quel est le sens de ma vie ? Et la réponse religieuse implique toujours une certaine somme d’exigences morales qui peuvent parfois naître seulement après que le sens de la vie est devenu apparent et qui peuvent parfois exister antérieurement.

À la question : « Quel est te sens de la vie », on peut répondre : c’est le bien personnel ; use donc de tous les biens auxquels tu peux prétendre. Ou bien : c’est le bien d’une certaine communauté ; sers donc cette communauté de toutes tes forces. Ou bien encore c’est l’accomplissement de la volonté de Celui qui t’a envoyé ; applique donc toutes tes forces à connaître cette volonté et à l’exécuter.

À cette même question, on peut aussi répondre : le sens de ta vie, c’est de te satisfaire par la jouis-

  1. Ce mot est en français dans le texte. (Trad.).