Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/105

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Notre homme se meurt là dehors, et ici nous mourons aussi.

Le jeune garçon qui s’était tu à la vue de l’étranger recommença à crier et à se lamenter, maintenant que la vieille s’était mise à parler ; il la tiraillait par sa manche, demandant d’une voix à déchirer le cœur :

— Du pain, petite grand’mère, donne-moi une bouchée de pain à manger.

Élisée allait faire encore une question à la vieille, lorsque le paysan entra en chancelant, en se tenant à la muraille ; il voulut s’asseoir sur le banc, mais il le manqua et tomba lourdement sur le sol. Sans faire le moindre effort pour se relever, il voulut parler, mais il ne réussit qu’à produire des sons inarticulés, forcé à chaque instant de reprendre sa respiration pour dire un mot.

— La maladie, murmura-t-il, nous a surpris au milieu de la famine. Regarde, la faim emporte celui-là, et du doigt, en pleurant, il désigna le petit.

Élisée enleva vivement son sac de voyage de ses épaules, retroussa ses manches, posa le sac