Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/114

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et d’argent, de l’autre, ces pauvres gens le préoccupaient.

— Tu ne peux pourtant pas soulager toutes les détresses. Tu voulais seulement partager entre eux un morceau de pain, et qu’est-il advenu ? Maintenant il s’agit déjà de dégager la fauchée et le champ. Puis, ensuite, il faudra une vache pour la femme et les enfants, un cheval pour le paysan. Tu t’es laissé entraîner, frère Élisée Kusmitsh.

Élisée se releva, déplia le kaftan qui était sous sa tête, le secoua, en sortit sa tabatière, et y prit une prise pour éclaircir ses idées ; mais c’est en vain qu’il médita, il ne trouva rien de bien.

Il lui fallait se mettre en route, et ces pauvres gens se désolaient de son départ. Il ne savait par quel bout commencer. Il finit par rouler de nouveau le kaftan, s’en fit un oreiller et se jeta sur sa couche. Il resta là plusieurs heures sans pouvoir prendre un instant de repos, jusqu’à ce que les coqs chantèrent. Seulement alors il tomba dans un léger sommeil. Puis tout à coup, il sursauta comme si quelqu’un l’avait réveillé. Il rêvait qu’il était tout habillé, prêt à partir