Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/139

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Le paysan rentra le soir, sa carriole traînée par le petit cheval laissé par Élisée, et il commença aussi à raconter sur l’homme de Dieu qui leur avait fait tant de bien.

— S’il n’était pas venu à nous, nous serions tous partis là-bas en état de péché… nous serions morts dans le plus amer désespoir, maudissant Dieu et les hommes ; il nous a remis dans le bon chemin par l’amour ; par lui, nous avons reconnu les voies de Dieu, et repris la croyance à des hommes bons. Que pour cela le Christ le bénisse et donne à son âme le royaume céleste ! Avant cela nous vivions semblables à du stupide bétail, il a fait de nous des hommes.

Après que les braves gens eurent réconforté Jefim en le faisant manger et boire, ils lui offrirent leur meilleur lit pour la nuit et se couchèrent ensuite.

Jefim s’étendit songeur, le sommeil fuit ses paupières : le vieil Élisée ne lui sortait pas de la pensée, tel qu’il l’avait vu à Jérusalem, trois fois successivement, toujours à la place la plus éminente. C’est de cette façon, se disait-il, qu’il m’a dépassé ! Que mon sacrifice ait été accepté