Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/170

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— Tu es un ange ! fit la cousine en lui embrassant la main.

— Non, embrasse-moi ici… il n’y a qu’aux morts qu’on embrasse la main… Oh ! mon Dieu ! Oh ! mon Dieu.

Dans la même soirée, la malade était un cadavre, et le cadavre était couché dans un cercueil, dans le salon de réception de la grande maison. Dans la vaste pièce, les portes fermées, il y avait un diacre qui, seul et assis, lisait d’une voix lente et monotone les psaumes de David. La clarté des cierges tombait des grands chandeliers en argent sur le front pâle de la morte, sur ses mains couleur de cire et sur les plis raides du linceul, qui faisait une saillie aux genoux et aux extrémités des pieds.

Le diacre, continuait tranquillement de lire dans son livre, et ses paroles sonnaient et s’éteignaient étrangement dans l’appartement, où tout était calme. Seulement, de temps en temps, y pénétraient, venant d’une pièce éloignée, des bruits de voix et de piétinements d’enfants.

« Tu détournes ton visage, — et ils sont dans