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Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/177

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l’asthme, et qui, depuis sa soixante-dixième année, ne quittait pas sa couche sur le poêle, la meilleure dans une habitation russe. La maison d’Ivan ne manquait de rien. Il y avait trois chevaux avec un poulain, quinze moutons et une vache avec son veau d’une année. C’était le train d’un riche fermier. Les femmes vaquaient au soin du ménage, raccommodaient le linge et la chaussure et aidaient les hommes pour certains travaux des champs. Il restait toujours un excédent de blé quand venait la nouvelle récolte, et l’avoine seule payait toutes les dépenses de la ferme. Ah ! si Ivan et les siens avaient su jouir de leur bonheur ! Mais, porte à porte avec eux, demeurait un autre paysan, Gravila Chromoi, fils de Gordei Iwanow, et les deux familles étaient en guerre depuis des années.

Tant que le vieux Gordei avait vécu et que le père d’Ivan put diriger lui-même sa maison, la plus grande cordialité avait régné entre elles. Les femmes avaient-elles besoin d’un ustensile de ménage ou d’un atour pour leur toilette, manquait-il un outil à la ferme, fallait-il remplacer utilement quelque roue cassée, vite on