Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/196

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heure, tu te rendras chez Gravila, tu lui tendras la main de la réconciliation, comme des frères du Christ doivent le faire, et, puisque c’est demain la fête de Marie, tu l’inviteras à notre festin, tu prépareras le samowar, tu monteras un demi-stof, une demi-mesure d’eau-de-vie, et, une fois pour toutes, tu secoueras tous ces soucis amers, de façon qu’il n’en soit plus question jamais ; en outre, tu parleras haut et ferme aux femmes et aux enfants, pour qu’ils se conforment à ta volonté.

Un profond soupir de soulagement s’échappa de la poitrine d’Ivan. En silence, il pensa : « C’est vrai, ce que dit mon vieux père. » Et toute amertume sortit de son cœur, mais comment faire les premiers pas ? C’est là ce qui était difficile et ce qui le faisait hésiter.

Le vieillard alors recommença avec plus d’insistance encore, comme s’il avait lu dans l’âme de son fils.

— Hâte-toi, mon enfant, éteins le feu pendant qu’il est temps encore ; si tu laisses la flamme prendre autour de toi, tu n’en seras plus maître.