Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/197

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En ce moment, il eut la parole coupée ; les femmes rentraient à grand bruit, parlant toutes à la fois, jacassant comme des pies ! Elles savaient tout déjà, la sentence des juges, les menaces d’incendie proférées par Gravila, et ce qui s’ensuit, chacune ajoutant, d’ailleurs, son petit commentaire. Et puis elles avaient eu au pâturage une nouvelle scène avec la femme de Gravila. Celle-ci disait qu’Ivan n’en avait pas fini avec la justice. Le greffier s’était déclaré pour Gravila ; c’était une forte tête ; il avait pris la chose sous son bonnet. Le maître d’école allait aussi se mêler de l’affaire et rédigerait une supplique qui porterait la chose devant le tzar lui-même. Dans cette supplique, tous les griefs seraient relevés, y compris l’affaire de la cheville enlevée et celle de la meule de foin. Bref, à l’entendre, la moitié des biens d’Ivan passerait bientôt aux Gravila. Ivan entendit ces discours, et son cœur s’endurcit de nouveau, si bien qu’il changea d’avis et ne voulut plus qu’on lui parlât de réconciliation avec son ennemi.

Le paysan a toujours du travail plein les