Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

il a poussé la botte enflammée sous le toit. Si seulement je l’avais retirée et foulée sous mes pieds, rien ne serait arrivé…

— Mon fils, écoute-moi ! interrompit le vieillard. Ma dernière heure est venue ; songe que la tienne viendra aussi un jour, et dis-moi à qui est la faute si le village est incendié ?

Ivan, sans répondre un mot, regardait son père du même air idiot qu’il avait depuis la veille.

— Devant le Dieu éternel, réponds à ton père, pendant qu’il peut encore t’entendre : qui a fait le mal et que t’avais-je dit ?

Alors Ivan se sentit soudain remué ; les écailles tombèrent de ses yeux et il vit enfin clair. Il tomba prosterné devant la couche du vieillard en s’écriant d’une voix entrecoupée par les sanglots :

— C’est moi qui ai fait le mal, mon père, contre tes conseils, contre la volonté de Dieu. J’ai péché contre le ciel et contre toi. Pardonne-moi ! pour l’amour du Christ, mon père, pardonne-moi !

Le vieillard porta ses mains défaillantes sur