Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/210

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son cœur, prit le cierge dans sa main gauche et s’efforça d’élever la droite jusqu’au front pour faire le signe de la croix, mais les forces lui manquèrent, la main retomba inerte sur son sein.

— Loué sois-tu, ô Éternel ! Loué sois-tu, Ô Jésus ! dit-il, ému au plus profond de son âme. Puis, regardant son fils : Ivan, est-ce que tu m’entends, mon fils ?

— Je t’entends, mon père.

— Que vas-tu faire, à présent ?

Ivan se remit à sangloter.

— Je ne sais pas, mon père. Quelle vie mènerons-nous dorénavant ?

Le vieillard laissa tomber sa paupière fatiguée, tandis que sa mâchoire allait de droite à gauche, comme s’il faisait un effort pour rassembler ses dernières forces. Enfin il rouvrit les yeux et dit d’une voix qui s’était raffermie :

— Vous mènerez une bonne vie : vivez avec Dieu et le reste ira tout seul…

Il se tut de nouveau, et un sourire de félicité vint rayonner sur ses traits. Au bout d’un moment, il reprit encore :

— Seulement garde ta langue, Wanka ! ne dis