Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/239

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

steppe lui plaît ; il continue d’aller tout droit. Il voit encore la colline, mais si petite, si petite, que les hommes ont l’air de fourmis.

« Je changerai bientôt de direction, pense-t-il. Mais que j’ai chaud ! Je vais boire un peu. » Il prend sa bouteille sans s’arrêter, et fait planter un pieu. L’herbe devient très haute, il avance quand même, c’est bien fatigant ! Le soleil le brûle. Il est midi à peu près, et il s’arrête pour manger son pain.

« Si je m’assieds, pense-t-il, je m’endormirai bien sûr. »

Il reste debout et se remet à marcher ; le boire et le manger l’ont remis de ses fatigues, cependant la chaleur redevient plus forte et l’accable, il a sommeil, et il éprouve de terribles angoisses.

Il fait encore dix verstes dans cette direction. À quoi bon tourner à gauche ? Le pays est si beau ici ! quel sol gras ! le lin y poussera à merveille. Un pieu là. Voilà le second côté de fait.

Les hommes, maintenant, sont invisibles sur la colline.