Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/238

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rizon comme une boule de feu lancée par une force mystérieuse des profondeurs d’un lac de clarté ; il n’y a plus un instant à perdre, il faut profiter de la fraîcheur matinale pour aller plus vite, et Pacôme commence à marcher, suivi des cavaliers qui vont à la file après lui.

Il va d’un pas égal, ni trop vite, ni trop lentement ; quand il pense avoir fait une verste, il dit de placer un pieu, mais ne s’arrête pas. Peu à peu il accélère le pas, il s’excite, se presse, et commande de placer un nouveau piquet. Après avoir marché ainsi quelque temps, il se retourne et voit encore la colline avec les hommes qui y sont restés. Le soleil devient chaud, il ôte son gilet, il marche toujours.

Quand il pense, d’après la hauteur du soleil, que l’heure du déjeuner approche, il se dit :

« J’ai bien marché, si je continue ainsi, quelles terres j’aurai ! »

Et il ôte ses bottes pour marcher plus facilement.

« Quand j’aurai encore fait cinq verstes, je tournerai à gauche, » pense-t-il.

Mais plus il avance, et plus cette partie de la