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Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/36

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— Fedka, va chercher le rouleau de cuir.

Le laquais s’empressa et revint bientôt avec un rouleau, qu’il remit à son maître. Celui-ci le posa sur la table.

— Ouvre-le, ordonna-t-il de nouveau.

Quand ce fut fait, le gentilhomme, appuyant l’index sur le cuir, interpella Sema :

— Maintenant, écoute, cordonnier et maître en chaussures, tu vois ce cuir ?

— Je le vois, Seigneurie, balbutia Sema.

— Tu le vois, mais sais-tu ce que c’est que cette marchandise-là ?

Sema palpa le cuir et dit :

— La marchandise est belle.

— Belle ! je le crois, parbleu ! si belle que de sa vie un savetier comme toi n’en a vu de pareille. Sais-tu que c’est du cuir allemand et que ça me coûte vingt roubles ?

Sema balbutia :

— Où verrait-on ici quelque chose de pareil ?

— Je me le demande aussi. Maintenant, écoute-moi bien. Je veux que de ce cuir on me fasse une paire de bottes, mais il me faut un chef-d’œuvre. Te chargeras-tu de ce travail ?