Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/69

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couvrir celui qui avait commis la faute. Un des paysans lui montra un de ses camarades, nommé Sidor. D’un coup, l’intendant ensanglanta le visage du pauvre homme ; puis, ne voulant pas manquer non plus l’occasion d’exercer sa rage sur Wassili, il le cingla plusieurs fois de sa tartara, sous prétexte que son tas de bois n’était pas aussi grand que ceux des autres.

Les paysans le laissèrent s’en retourner tranquillement chez lui.

Le soir, ils étaient de nouveau réunis. Wassili apostropha durement ses frères.

— Vil troupeau ! leur dit-il, non, vous n’êtes pas des hommes. Unis comme des frères, disiez-vous !… Le tyran se montre… et voilà vos résolutions envolées ! Ainsi firent les moineaux quand ils se réunirent pour conspirer contre le vautour. « Tous pour un ! Mort aux traîtres ! » criaient-ils à l’envi. Le vautour fond sur eux, et chacun de s’enfuir derrière les orties. Mais, prompt comme l’éclair, l’oiseau pose sa serre sur l’un d’eux et remonte avec lui dans les airs. Les moineaux épargnés voletaient effarés, en se