Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/70

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demandant : « Qui a-t-il pris ? qui a-t-il pris ? Ah ! il a pris Vantka. C’est bien fait. Vantka ne méritait pas mieux ! »

C’est ainsi que vous faites. « Mort aux traîtres ! » dites-vous, et chacun s’empresse de trahir ! Quand notre bourreau a frappé Sidor au visage, vous deviez agir comme un seul homme, et nos maux auraient enfin eu un terme.

Mais vous, vous criez tant que vous pouvez : « Soyons unis, … mort aux traîtres, » et quand notre bourreau se montre, il n’a plus personne !

Maintes fois, les paysans avaient tenu de semblables discours, car cette pensée de se débarrasser de l’intendant en lui ôtant la vie persistait dans leur cœur.

Les derniers jours de la semaine sainte, le cruel intendant fit annoncer qu’on allait semer l’avoine dans les champs seigneuriaux et qu’il fallait immédiatement se mettre à la charrue. Ce fut pour les paysans une nouvelle douleur ; réunis chez Wassili, le jour du vendredi saint, ils parlaient, plus excités que jamais, de leur conjuration.