Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/75

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la voiture attelée ; les deux femmes y montèrent bientôt pour aller à l’église. Une heure après, elles étaient de retour et Michel Semenowitch rentrait aussi. Une servante avait préparé le samovar, et l’on se mit à table.

Michel Semenowitch prit une tasse de thé, alluma sa pipe et fit appeler le starosta.

— Eh bien ! comment vont les choses ? lui demanda-t-il ; as-tu exécuté mes ordres ? Les paysans sont-ils à la charrue ?

— J’ai fait comme vous me l’aviez commandé, Michel Semenowitch.

— C’est bien ; t’ont-ils obéi ?

— Tous, je les ai conduits chacun à la place qu’ils doivent labourer.

— Tu les as conduits ! Mais ces fainéants travaillent-ils, au moins ? Va-t’en voir ce qu’ils font, et dis-leur que j’irai tantôt voir moi-même ce qu’ils ont fait. J’entends qu’à deux ils aient fait au moins une dessjatine, et gare, si l’ouvrage n’est pas bon. Si je trouve un coupable, ce n’est pas la sainteté du jour qui me retiendra !

— Vos volontés sont des ordres.

Le starosta allait s’éloigner à la hâte, mais