Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/76

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Michel Semenovitch le rappela. Malgré tout, le cruel intendant n’était pas tranquille ; il s’agitait comme s’il eût été sur des épines. Sa langue tournait entre ses dents, il avait encore quelque chose à dire et qui l’embarrassait. Il fit : « En effet ! » et ajouta :

— Encore un mot. Écoute un peu les discours de ces fainéants et tâche de savoir ce qu’ils disent de moi. Si ces marauds tiennent de méchants propos sur mon compte, tu me les rapporteras fidèlement. Ah ! je les connais, les drôles ! Bien manger et bien boire et s’étendre sur leurs peaux de mouton, voilà ce qu’il leur faut. Qu’on laisse passer le bon moment pour les travaux, cela leur est bien égal. Ainsi donc, écoute bien leurs propos sans en avoir l’air, et rapporte-moi ce que chacun d’eux peut dire. Il faut que je sache tout, jusqu’à la moindre de leurs paroles. Va, ouvre les oreilles et prends garde de me cacher quelque chose.

Le starosta tourna sur ses talons et remonta aussitôt à cheval pour se rendre auprès des paysans.

La femme de Michel, qui avait tout entendu,