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III


Depuis cinq semaines les vieillards marchaient ; leurs chaussures étaient usées, et il fallait s’en procurer de nouvelles. Ils étaient arrivés dans la Petite-Russie. Lorsqu’ils avaient quitté leur village, c’est de leur argent qu’ils avaient payé la dépense de leur coucher et de leur nourriture ; mais une fois chez les Petits-Russiens, ils se trouvèrent avec des villageois rivalisant à qui leur offrirait l’hospitalité gratuite dans leurs chaumières. On leur fournissait à boire, à manger et à coucher, sans vouloir accepter de paiement, et encore remplissait-on de pain les sacs des pèlerins en y glissant aussi quelques gâteaux.

C’est ainsi que les vieux camarades gagnèrent sans frais quelques cents verstes.

Ils avaient encore laissé une province derrière eux, lorsqu’ils atteignirent une contrée