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Page:Tolstoï Les Cosaques.djvu/159

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Il vida sa coupe et, serrant la courroie autour de sa taille, sortit.


XXXVIII


Il faisait sombre quand Lucas reparut dans la rue. C’était une nuit d’automne fraîche et calme. Le disque de la lune paraissait au-dessus de la cime des sombres platanes qui s’élevaient d’un côté de la place publique. La fumée du garde-manger se confondait avec le brouillard ; quelques lumières brillaient aux fenêtres. Les chants, les rires, le craquement des graines se confondaient et s’entendaient plus distinctement que de jour. On entrevoyait dans l’obscurité les mouchoirs blancs des femmes et les bonnets à longs poils des hommes.

Vis-à-vis de la boutique éclairée était une foule de Cosaques et de femmes qui riaient et chantaient. Les jeunes filles, se tenant par la main, dansaient des rondes. La plus maigre et la moins jolie donnait le ton.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


À qui me donnerai-je ?
Est-ce au blond ? est-ce au blond ?


Les vieilles écoutaient, les enfants couraient dans l’obscurité. Les Cosaques agaçaient les filles et rompaient les rondes. Olénine et Béletsky, en uniforme cosaque, se tenaient du côté obscur de la porte et causaient à demi-voix, voyant qu’ils attiraient l’attention. La grassouillette Oustinka avançait dans la ronde à côté de la majestueuse Marianna. Olénine et Béletsky se concertaient sur le moyen d’emmener les deux filles hors de la ronde. Béletsky croyait à de la légèreté de la part d’Olénine, tandis que celui-ci attendait la solution de tout son avenir. Il voulait à tout