Page:Tolstoï Les Cosaques.djvu/161

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Béletsky se pencha vers Oustinka et lui dit quelques mots à l’oreille. Elle n’eut pas le temps de répondre, et ce ne fut qu’en repassant devant lui qu’elle dit :

« C’est bon, nous viendrons.

— Et Marianna ! »

Olénine se baissa vers la jeune fille :

« Viendras-tu ? viens, ne fût-ce que pour un moment ; j’ai à te parler.

— Si les autres filles y vont, j’irai.

— Me répondras-tu ? demanda-t-il en se baissant de nouveau vers elle ; comme tu es gaie aujourd’hui ! »

Elle s’éloigna, il la suivit.

« Me répondras-tu ?

— À quoi répondre ?

— À ce que je t’ai demandé avant-hier ; m’épouseras-tu ? » lui dit-il à l’oreille.

Marianna parut réfléchir.

« Je te répondrai ce soir », dit-elle.

Le jeune homme, malgré l’obscurité, vit les beaux yeux de Marianna arrêter un regard caressant sur lui.

Il continua à la suivre ; il lui était doux de s’incliner vers elle. Mais Lucas, qui continuait à chanter, la saisit par le bras et la força d’entrer avec lui dans le milieu du cercle.

Olénine n’eut que le temps de dire : « Viens chez Oustinka ! » Et il rejoignit son camarade.

Les chants cessèrent ; Lucas s’essuya la bouche, Marianna fit de même ; ils s’embrassèrent.

« Non, non, c’est cinq baisers qu’il me faut », s’écria Lucas.

Le mouvement lent et cadencé de la ronde avait fait place aux rires bruyants, aux allées et venues.

Lucas était très animé ; il distribuait des friandises aux jeunes filles.

« J’en donne à toutes, dit-il d’un ton comique et solennel. — Quant à celle qui aime les militaires, qu’elle