Page:Tolstoï Les Cosaques.djvu/297

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tégée par des poutres en chêne d’une archine de diamètre ; c’est là qu’il s’établit avec ses soldats. Aussitôt que Vlang aperçut la petite porte basse qui y menait, il s’y jeta le premier avec une précipitation qui l’entraîna presque à une chute sur le sol, pavé de pierres, et il se blottit dans un angle sans plus vouloir en sortir ; les soldats s’installèrent par terre le long du mur, quelques-uns d’entre eux allumèrent leurs pipes, et Volodia dressa son lit dans un coin, s’étendit dessus, alluma à son tour une bougie et fuma une cigarette. Au-dessus de leurs têtes s’entendait, affaibli par le blindage, le grondement non interrompu des décharges ; un seul canon, placé juste à côté d’eux, ébranlait leur abri chaque fois qu’il tonnait. À l’intérieur, tout était tranquille ; les soldats, encore intimidés par la présence du nouvel officier, n’échangeaient que de rares paroles pour se demander l’un à l’autre du feu ou un peu de place ; un rat grattait quelque part entre les pierres, et Vlang, qui n’était pas encore remis de son émotion, poussait de temps à autre un profond soupir en regardant autour de lui ; Volodia, sur son lit dans ce coin paisible bondé de monde, éclairé par une seule bougie, se laissait aller à ce sentiment de confort qu’il avait souvent éprouvé étant enfant, lorsque, jouant à cache-cache, il se glissait dans une armoire ou sous le jupon de sa mère, retenant sa respiration, l’oreille tendue, ayant grand’peur de l’obscurité et éprouvant en même temps une impression inconsciente de bien-être. De même ici, sans être tout à fait à son aise, il se sentait plutôt disposé à la gaieté.


XXI


Au bout de dix minutes, les soldats s’enhardirent et se mirent à jaser ; auprès du lit de l’officier, dans le cercle de lumière, s’étaient placés les plus élevés en grade : les deux