Lucas s’acheminait en sifflant vers le cordon.
« Prends la ficelle ! » criait-il à Nazarka, qui se soumettait à toutes ses volontés.
« Je le lui dirai ce soir, continua-t-il, vrai, je le lui dirai. Refusons net, nous sommes abîmés de fatigue, dis-le-lui, je t’en prie, il aura égard à toi. Cela n’a pas de nom, je t’assure.
— Il y a bien de quoi parler ! dit Lucas pensant à autre chose ; cette misère ! passe encore si on nous chassait de la stanitsa, on s’y amuse ; mais rester au cordon ou aller au secret, n’est-ce pas égal ?
— Quand iras-tu à la stanitsa ?
— Pour la fête.
— On dit que ta Dounaïka passe son temps avec Thomouchkine, dit Nazarka, changeant tout à coup de conversation.
— Eh ! qu’elle aille au diable ! dit Lucas montrant les dents sans sourire ; est-ce que je n’en trouverai pas d’autre ?
— Gourko raconte qu’il est venu chez elle, le mari était absent, et Thomouchkine était là, attablé, vis-à-vis d’un gâteau. Gourko est resté un moment, puis il est sorti et s’est arrêté sous la fenêtre, il l’entend qui dit : « Ce diable n’est plus là, que ne manges-tu pas, chéri ? Passe la nuit avec moi ». Et Gourko de leur crier de dessous la fenêtre : Bravo !
— Tu mens !
— Vrai ! comme Dieu existe ! »
Lucas se tut un moment, puis dit :
« Eh bien ! si elle en a trouvé un autre, que le diable l’emporte ! peu m’en chaut. Il y a bien d’autres filles.
— Quel satané gaillard tu es ! dit Nazarka. Tu aurais dû essayer de Marianka, la fille du khorounji ! N’a-t-elle pas d’amant ? »
Lucas fronça les sourcils.
« Pourquoi Marianka ?… elle ne vaut pas mieux qu’une autre.