Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/114

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à la satisfaction des désirs charnels, mais comme un péché qui doit être expié par l’accomplissement des devoirs de famille.

VII — Les enfants servent à l’expiation du péché mortel.

1. Si les hommes pouvaient atteindre la perfection et devenir chastes, le genre humain s’éteindrait et n’aurait plus de raison d’exister sur la terre, parce que les hommes seraient devenus pareils aux anges qui ne se marient pas, comme il est dit dans l’Evangile. Mais tant que les hommes ne sont pas arrivés à la perfection, ils doivent produire leur progéniture pour qu’en se perfectionnant, la postérité puisse atteindre à la perfection à laquelle l’homme tend.

2. Le mariage, le vrai mariage qui a pour mission la production et l’éducation des enfants, est un moyen indirect de servir Dieu par les enfants. « Si je n’ai pas fait ce que je pouvais et devais faire, mes enfants le feront. » C’est pourquoi les gens qui se marient éprouvent toujours un certain apaisement. Ils ont le sentiment de la possibilité de transmettre une partie de leurs obligations à leurs enfants à venir. Mais ce sentiment n’est légitime qu’au cas où les époux élèvent leurs enfants de façon qu’ils ne soient pas une entrave à l’œuvre divine, mais ses ouvriers. La conviction que si je n’ai pas pu me consacrer entièrement au service de Dieu, je ferai tout mon possible pour que mes enfants le fassent — cette conviction donne un sens moral au mariage ainsi qu’à l’éducation des enfants.