Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/184

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qui incite à faire un mal réel en vertu d’un mal imaginaire.

V. — Les conséquences néfastes de la superstition de la violence.

1. Le mal dont les gens croient se défendre par la violence est incomparablement moindre que celui qu’ils se font en se défendant par la violence.

2. Non seulement le Christ, mais tous les sages de l’univers, et les Brahmanes, et les Bouddhistes, et les Taoistes, et les savants grecs, ont enseigné que les gens raisonnables devaient payer le mal par le bien et non par le mal. Mais ceux qui vivent eux-mêmes de la violence disent que ce n’est pas possible, que la vie serait ainsi plus malheureuse. Et ils ont raison pour eux-mêmes, mais non pas pour ceux qu’ils violentent.

3. Il est difficile d’observer la doctrine de la non-résistance au mal par la violence ; mais est-il plus facile d’observer celle de la lutte et de la vengeance ? Pour obtenir une réponse à cette question, ouvrez l’histoire de n’importe quel peuple et lisez la description de l’une des cent mille batailles que les hommes se sont livrées pour obéir à la loi de la lutte. Au cours de ces guerres ont été tué des milliards d’hommes, si bien que pendant une seule on a sacrifié un plus grand nombre de vies, supporté plus de souffrances qu’il ne s’en accumulerait pendant des siècles en ne résistant pas au mal.