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Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/195

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4. On tue un ours en suspendant une grosse bûche à une corde au-dessus d’une auge remplie de miel. L’ours repousse la bûche pour manger le miel. La bûche revient et lui donne un coup, l’ours se fâche et repousse la bûche plus fort ; elle le frappe plus fort encore. Et cela dure jusqu’à ce que la bûche tue l’ours. Les hommes agissent de même lorsqu’ils rendent le mal pour le mal. Est-il possible que les hommes ne puissent être plus raisonnables qu’un ours ?

IV. — La vengeance dans les rapports sociaux.

1. La thèse sur la rationalité du châtiment non seulement n’a pas contribué et ne contribue pas à la bonne éducation des enfants, à la meilleure organisation des sociétés et à la moralité de ceux qui croient au châtiment dans l’autre monde, mais encore a causé et cause des malheurs innombrables : elle endurcit les enfants, affaiblit les liens sociaux et déprave les hommes par les promesses de l’enfer en privant la vertu de son fondement principal.

2. Si les hommes ne croient pas qu’il faut rendre le bien pour le mal, c’est uniquement en raison de ce fait qu’on les a habitués, depuis leur enfance, à croire qu’en ne rendant pas le mal, aucun ordre social ne saurait exister.

3. S’il est vrai que les hommes bons souhaitent de voir cesser tous les méfaits : vols, misère, meurtres, tous les