Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/272

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3. Se savoir malade, prendre soin pour se guérir, surtout penser à ce que je suis souffrant pour le moment et, par suite, incapable d’agir, se dire que lorsque je redeviendrai valide, j’agirai, est une grande tentation. Car ces paroles signifient : je refuse ce qui m’est donné, mais je veux ce qui n’existe pas. On peut toujours se réjouir de ce que l’on possède à chaque instant et faire immédiatement tout ce que l’on peut.

4. Tu n’es pas bien, et il te semble que cela vient de ce que tu ne peux pas vivre comme tu voudrais, que tu aurais plus facilement fait ce que tu crois devoir faire si ta vie était autre. C’est faux. Tu as tout ce que tu désires. A tout moment de ta vie, tu peux faire la meilleure chose que tu es à même d’accomplir.

5. Les importantes, les grandes œuvres qui ne peuvent être terminées que dans l’avenir, ne sont pas de vraies œuvres, elles ne sont pas faites pour la gloire de Dieu. Si tu crois en Dieu, tu croiras à la vie dans le présent, tu travailleras à des œuvres qui peuvent être achevées dans le présent.

6. Momento-mori. Souviens-toi de la mort ! est une grande parole. Si nous nous souvenions que nous mourrons inévitablement et bientôt, notre vie serait tout autre. Si l’homme sait qu’il doit mourir dans une demi-heure, il ne fera sûrement ni des choses vaines, ni bêtes, ni surtout mauvaises, dans ce court laps de temps. Le demi-siècle qui