Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/307

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4. On ne peut chasser une mauvaise pensée lorsqu’elle vient à l’esprit, mais on peut comprendre que cette pensée est mauvaise. Et si l’on sait qu’elle est mauvaise, on peut ne pas s’y abandonner. Il nous vient l’idée que tel ou tel autre homme est méchant. Je ne pouvais pas m’empêcher de le penser, mais si j’ai compris que cette idée était mauvaise, je peux me souvenir que c’est mal de médire des gens, que je suis mauvais moi-même, et je peux ainsi me contenir de la médisance, même par la pensée.

5. Si tu veux que ta pensée te serve, tâche de réfléchir indépendamment de tes sentiments et de ta situation, c’est-à-dire de ne pas agir contre tes idées afin de justifier la sensation que tu éprouves, ou la chose que tu as faite ou que tu feras.

V. — Il faut vivre d’une vie spirituelle pour avoir la force de gouverner ses pensées.

1. Nous croyons souvent que la plus grande force qui existe au monde est la force matérielle. Nous le pensons, parce que notre corps, que nous le voulions ou non, sent toujours cette force. Mais la force spirituelle, la force de la pensée, nous semble insignifiante, et nous ne la reconnaissons pas pour une force. Cependant, c’est en elle qu’est la vraie force, celle qui modifie notre vie et la vie des autres hommes.

2. Notre vie est meilleure ou plus mauvaise, selon que