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Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/324

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3. On ne saurait se contraindre à l’amour des autres. On ne peut que rejeter ce qui empêche l’amour. Et ce qui l’empêche, c’est l’amour de son « moi » matériel.

4. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » ne veut pas dire que tu dois tâcher d’aimer ton prochain. On ne peut pas se forcer à aimer. « Tu aimeras ton prochain » veut dire que tu dois cesser de t’aimer plus que tout. Et dès que tu ne t’aimeras plus ainsi, tu te mettras à aimer ton prochain comme toi-même.

5. Il faut s’habituer de se dire lorsqu’on rencontre un homme : je ne penserai qu’à lui, et non pas à moi-même.

6. II suffit de penser à soi au beau milieu d’un discours, pour perdre le fil de ses idées. De même, quand nous nous oublions complètement, que nous sortons de nous-mêmes, nous pouvons communiquer fructueusement avec les autres, les servir et avoir sur eux une influence bienfaisante.

7. Plus la vie d’un homme est confortable et mieux organisée extérieurement, plus la joie de l’abnégation est loin et difficile pour lui. Les riches en sont presque entièrement privés. Au pauvre, tout travail interrompu dans le but de venir en aide à son prochain, chaque morceau de pain tendu à un mendiant, procure la joie de l’abnégation.