Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/379

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

3. Parce qu’un homme a traversé lentement l’espace qui s’ouvre à mes yeux et au delà duquel je ne vois plus, et qu’un autre l’a traversé rapidement, je ne vais pas penser que celui qui marchait lentement vit plus longtemps que celui qui marchait vite. Je ne sais qu’une chose : je sais que si j’ai vu un homme passer vite ou lentement devant ma fenêtre, l’un et l’autre ont existé avant que je ne les vis et qu’ils vivront aussi après. Il en est de même des hommes dont j’ai vu la vie courte ou longue avant leur mort.

4. La mort est la transformation de l’enveloppe à laquelle notre âme est liée. Il ne faut pas confondre l’enveloppe avec ce qu’il y a dedans.

5. Souviens-toi que tu ne restes pas sur place, mais que tu passes, que tu n’es pas dans une maison, mais dans un train qui te conduit à la mort. Souviens-toi que ton corps ne fait que passer et que seul l’esprit vit en toi.

6. Bien que je ne puisse pas le prouver indubitablement, je sais toutefois que l’élément immatériel libre et raisonnable qui vit en moi ne peut pas mourir.

7. Même si je me trompais, en supposant que les âmes sont immortelles, je serais heureux et satisfait de mon erreur ; et, tant que je suis en vie, aucun homme ne sera à même