Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/381

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III. — La mort ne peut effrayer un homme qui vit de la vie spirituelle.

1. La mort libère si facilement de toutes les difficultés et de tous les malheurs, que ceux qui ne croient pas à l’immortalité devraient la souhaiter. Et ceux qui croient en l’immortalité, qui attendent une vie nouvelle, devraient la souhaiter plus encore. Pourquoi donc la plupart des hommes ne la désirent pas ? C’est parce qu’ils vivent de la vie corporelle, et non de la vie spirituelle.

2. Les souffrances et la mort se présentent à l’homme comme un malheur quand il prend la loi de son existence corporelle et bestiale pour la loi de sa vie. Alors seulement, il s’abaisse au niveau de l’animal, alors seulement les souffrances et la mort l’effraient. De tous côtés, elles se ruent sur lui et le chassent sur l’unique route de la vie humaine qui lui est ouverte, celle de la loi de la raison et se manifestant par l’amour. Les souffrances et la mort ne sont que les dérogations à la loi de la vie. Si l’homme menait une vie absolument spirituelle, il n’y aurait pour lui ni souffrances, ni mort.

3. Craindre la mort revient au même que de craindre les fantômes, de craindre ce qui n’existe pas.

4. Pour l’homme qui vit pour son âme, la destruction du