Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/389

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accomplissons des actes vils et immoraux qui ne nous sont pas habituels, mais dont nous ne pouvons nous contenir. Il serait donc plus exact de dire que si nous ne connaissions pas la vie pendant laquelle nous serions plus aptes à satisfaire nos exigences morales qu’en rêve, nous aurions considéré le sommeil comme une vraie vie et nous n’aurions jamais douté que celte vie ne soit réelle. Toute notre vie, depuis la naissance jusqu’à la mort, avec ses rêves, n’est-elle pas, à son tour, un songe et que nous prenons pour la réalité, pour la vie réelle, dont nous ne doutons pas, uniquement parce que nous ne connaissons pas de vie où notre liberté de suivre les exigences morales de l’âme serait plus grande encore que celle dont nous jouissons actuellement ?

10. Si ta courte vie est tout ton avoir, tâche d’en faire tout ce qui est possible. SAID BEN HAMED.

11. Comment vivre sans savoir ce qui nous attend ? demandent les hommes. Et, cependant, lorsque tu vis sans songer à ce qui t’attend et uniquement pour pouvoir manifester ton amour, la vraie vie commence pour toi.

12. L’amour ne supprime pas seulement la crainte de la mort, mais encore la pensée de la mort. Une vieille paysanne disait à sa fille, quelques heures avant sa fin, qu’elle était contente de mourir en été. Lorsque sa fille lui demanda pourquoi, la moribonde répondit que c’est parce qu’il est plus difficile de creuser la tombe en