Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/65

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Comment s’abstenir de tuer la mouche ou la puce ? Chacun de nos mouvements supprime malgré nous la vie des êtres que nous ne voyons pas, » dit-on généralement pour justifier la cruauté humaine envers les animaux. Ceux qui parlent ainsi oublient qu’il n’est pas donné à l’homme d’arriver à la perfection en toutes choses. La tâche de l’homme est de se rapprocher de la perfection. Il en est de même lorsqu’il s’agit de la compassion envers les bêtes. Nous ne pouvons pas vivre sans faire mourir d’autres êtres, mais nous pouvons avoir pour eux plus ou moins de compassion. Et plus nous en aurons, mieux cela vaudra pour notre âme.

III. — Plus les hommes sont bons, mieux ils conçoivent l’unité du principe divin qui vit en eux.

1. Pourquoi sommes-nous tout joyeux quand nous avons accompli une bonne action ? Parce que chaque bonne action nous confirme que notre vrai « moi » ne se borne pas à notre personne seule, mais qu’il existe en tout ce qui vit. Lorsqu’on vit pour soi-même, on ne vit que d’une parcelle de son vrai « moi ». Lorsqu’on vit pour les autres, on sent son « moi » s’étendre. Si tu vis pour toi seul, tu te sens entouré d’ennemis, tu sens le bonheur de chacun entraver le tien. Vis pour les autres, et tu te sentiras entouré d’amis et le bonheur de chacun deviendra ton bonheur à toi.