Page:Tolstoi et les Doukhobors.djvu/182

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ici que ces crimes et ces cruautés n’ont pas toujours mérité un encouragement égal de la part du pouvoir suprême. Quelques-uns, comme par exemple le viol des femmes par les soldats, étant venus par hasard jusqu’au oreilles de l’Empereur, ont eu pour résultat la punition des commandants des régiments auxquels ces soldats appartenaient.

Mais il faut dire aussi que le mécontentement du pouvoir suprême n’était excité que par quelques actes privés, et d’apparence surtout grossière, des autorités locales, mais non par l’illégalité morale de tous ces massacres et par la destruction en masse des hommes pour leur fidélité à leurs convictions. En outre, la tentative même d’opposer les punitions isolées à cette brutalité générale des hommes, résultat inévitable d’un régime sauvage, frappe par sa naïveté. C’est la même chose que de tâcher d’éteindre le feu par le feu ou de tarir l’eau par l’eau. Le pire de toute cette révoltante affaire, ce n’est pas qu’un malheureux officier de Cosaques quelconque, dégradé par l’éducation militaire et le milieu soldatesque, en soit venu à un tel point que, quand le gouverneur de province lui a montré la nécessité d’agir « le plus sévèrement »