Aller au contenu

Page:Tolstoi et les Doukhobors.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

même Doukhobor, — furent dispersés dans nos villages ; ils restèrent trois jours dans chaque village, envahirent les maisons, les cours et emportèrent tout ce qu’ils voulurent ; à la moindre objection de notre part, ils nous frappaient de leur fouet. Ils demandaient de nous des marques de déférence, et si nous négligions de les saluer, ils nous battaient. Ils ont emporté toutes nos volailles ; après leur départ, il n’en restait pas une.

« Comme on ne nous permettait pas de sortir de nos Villages, nous ne pouvions savoir ce qui se passait dans les autres, mais nous avons entendu dire qu’à Bogdanovka les Cosaques ont été particulièrement cruels, des femmes ont été violées ; les autorités n’empêchaient rien. À Orlovka, des Cosaques sont entrés dans une izba où était une femme, Maria Tcherkhachova ; elle cousait ; les soldats lui demandèrent :

« — Où est le maître ? »

« — Je ne sais », répondit-elle.

« — Comment ? tu ne sais pas ! tu es la ménagère et tu ne sais pas où est ton maître ? »

« À cela elle répondit :

« — Mais oui, et si vous n’étiez pas là, je ne saurais pas non plus où vous êtes. »