Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol17.djvu/409

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vous… Je te connais, mon amie… Mais involontairement je me suis souvenue de son conseil. Enfin que t’a-t-il dit ?

— Qu’il souffre pour toi et pour lui. Tu diras peut-être que c’est de l’égoïsme, mais il est légitime et vient d’un sentiment d’honneur. Il voudrait d’abord légitimer sa fille, être ton mari, avoir des droits sur toi.

— Quelle femme peut appartenir à son mari plus complètement que je lui appartiens ? Je suis son esclave !

— Et surtout, il ne voudrait pas te voir souffrir.

— C’est impossible ! Et alors ?

— Et puis, il voudrait pouvoir donner son nom à vos enfants.

— Quels enfants ? dit Anna sans regarder Dolly et fermant à demi les yeux.

— Annie et ceux qui viendront…

— Oh ! il peut être tranquille. Je n’en aurai plus.

— Comment peux-tu répondre de cela ?

— Je n’en aurai pas parce que je ne veux plus en avoir.

Et malgré son émotion Anna sourit en remarquant l’expression d’étonnement, de naïve curiosité et d’horreur qui se peignit sur le visage de Dolly.

— Après ma maladie le docteur m’a dit…

— Pas possible ! s’écria Dolly ouvrant de grands yeux.