Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol19.djvu/294

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l’eau toute chaussée, l’aînée lui dit : — « N’y va pas ainsi, Malacha ; ta mère te gronderait. Je vais retirer mes souliers, fais comme moi » — Les fillettes se déchaussèrent, relevèrent leur robe et marchèrent dans la mare à la rencontre l’une de l’autre. Malacha entra dans l’eau jusqu’à la cheville et dit :

— Que c’est profond, Akoulina ! J’ai peur.

— Cela ne fait rien, répondit celle-ci. Ce ne sera nulle part plus profond. Viens tout droit à ma rencontre.

Tandis qu’elles se rapprochaient l’une de l’autre, Akoulina dit à Malacha :

— Prends garde de m’éclabousser. Va plus doucement.

Mais à peine avait-elle prononcé ces paroles que Malacha tournait son pied dans l’eau et éclaboussait la robe d’Akoulina. Non seulement sa robe se trouva éclaboussée, mais l’eau jaillit même sur son nez et ses yeux. En voyant sa belle robe ainsi maculée, elle se fâcha contre Malacha, l’injuria et courut sur elle pour la battre. Malacha eut peur. Elle vit bien qu’elle avait fait quelque chose de mauvais. Elle sortit vivement de la mare et s’élança vers sa demeure.

À ce moment passait la mère d’Akoulina. En voyant la chemisette et la robe de sa fille toutes sales, elle demanda :

— Où donc as-tu sali ta robe, vilaine ?