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Page:Tonnellé - Trois mois dans les Pyrénées et dans le midi en 1858.djvu/19

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s’entrelacent ; et sous toute cette végétation, on entend sourdre et courir l’humidité fécondante qui l’entretient, on sent le ruissellement mystérieux et clair de la rosée éternelle que versent les cimes.

Après dîner, promenade à la tombée de la nuit sur la route de Castel-Viel. On entend résonner de l’autre côté de la vallée l’Angelus d’une petite église qui est au pied du rocher et qu’on distingue à peine dans l’obscurité du soir. Comme ce simple son est solennel ! Du sein de cette nature si grande et si belle, mais qui n’a conscience ni de sa grandeur ni de sa beauté, c’est une voix qui s’élève pour dire qu’il y a là une intelligence en un cœur qui la réfléchit, la comprend ; cette voix semble faible auprès de ces énormes montagnes, de cette large nature qui l’entoure ; et pourtant combien elle est plus grande qu’elle par sa faiblesse même ; car la nature, qui atteste la grandeur de Dieu, ne la comprend pas !