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primer ces distinctions nobiliaires auxquelles ils tenaient tant.

D’abord ou leur enleva ces parchemins, ces chartes, ces cédules qu’ils estimaient plus que leur vie, et, sous leurs propres yeux, toutes ces paperasses furent impitoyablement brûlées. Mais ce n’est pas tout, voulant les punir par où ils avaient péché, la vanité de leur nom, le Gouvernement les débaptisa et leur fit tirer au sort de nouveaux noms qu’on avait choisi exprès parmi les plus vulgaires et les plus ridicules.

Rien ne peut exprimer la fureur et le dépit de toute cette fière Noblesse, lorsqu’elle se vit affublée de noms si peu faits pour enorgueillir. C’était un supplice intolérable qui se renouvelait à chaque instant et plusieurs s’expatrièrent plutôt que de supporter une pareille torture. D’autres, ceux qui avaient de l’esprit, furent plus habiles. Ils rirent les premiers de leurs nouveaux noms et s’habituèrent à les porter, disant aux plaisants que si ces noms prêtaient au ridicule, ce n’était pas leur faute à eux mais celle de la République.


Dans la Société nouvelle telle que l’ont faite les Socialistes, tout le monde sans exception travaille et est fier de travailler. Les hommes n’ayant plus de rentes d’aucune espèce, ni aucun moyen de vivre honorablement dans l’oisiveté,