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miers camarades, et jamais la différence de richesse n’est assez considérable pour rompre d’anciennes relations créées par une mutuelle sympathie.

Dans le choix des gens que l’on fréquente, on ne considère donc ni le rang, ni le revenu, mais simplement l’amitié qu’on a pour eux et le plaisir qu’on éprouve à se voir.

Si, dans une même société, les uns sont un peu plus riches et d’autres un peu plus pauvres, personne ne souffre de cette différence parce que personne ne la fait sentir, l’opulence des plus fortunés n’étant jamais assez grande pour exciter la jalousie et la convoitise des autres.


Lors de l’établissement de la République sociale, un certain nombre d’individus qui se disaient « nobles » et portaient un « de » devant leur nom, refusèrent de se soumettre à cette vie d’égalité, pourtant si commode et si agréable. On eut beau leur enlever leurs rentes et leur donner de petits emplois en rapport avec leurs capacités, ils continuaient à faire bande à part, ne se voyant qu’entre eux et ayant pour le reste de l’humanité le mépris le plus profond.

Comme tous ces gens titrés étaient des ennemis irréconciliables des nouvelles Institutions, le Gouvernement n’avait pas à les ménager et voici ce qu’il imagina pour confondre leur orgueil et sup-