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Page:Topffer - Nouveaux voyages en zigzag Grande Chartreuse, 1854.djvu/280

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autres sortes de voitures, et que l’aspect seulement d’une berline, d’un coupé, mais surtout d’une diligence, nous étouffe à la fois de chaleur et d’ennui. Bon Dieu ! que sera-ce donc des wagons ! et aurons-nous bien ce privilège de mourir avant d’avoir été empilé dans quelqu’un de ces coffres à vapeur entre une nourrice assoupie et un courtaud bavard !

Il nous faut ce matin repasser le pont que nous avons franchi hier pour revenir coucher à Sierre. Au delà de ce pont la contrée change d’aspect ; l’on se dirait transporté soudainement sur quelque rameau des Apennins, là où croissent sur un sol ocreux ces élégants pins d’Italie dont le branchage orangé supporte avec tant d’élégante souplesse une cime à la fois sévère et vivement découpée. Plus de culture, plus d’habitations, mais une de ces solitudes où l’imagination place d’elle-même un chevrier nonchalamment étendu à l’endroit où le soleil l’a surpris vers le milieu du jour ; une halte de bohémiens accroupis à l’ombre autour de leur marmite fumante, ou bien encore d’équivoques figures qui stationnent attentives sur la lisière d’un bois. Lorsqu’au sortir des végétations touffues, des côtes cultivées, des ruisseaux qui murmurent entre leurs verts rivages, l’on traverse ce désert où le gracieux se marie au stérile et le riant au sauvage, l’on éprouve l’impression d’un charmant contraste, et l’on se persuade toujours davantage que notre contrée, que nos environs unissent à la richesse des sites la variété aussi ; que le Valais en particulier fournirait à lui tout seul de quoi défrayer en objets d’étude et en thèmes de composition toute une école de paysage. Au surplus nos artistes depuis quelques années connaissent le chemin de cette solitude, et il en est qui en ont rapporté des études peintes sur place dont le neuf et frappant caractère ne peut manquer de s’empreindre prochainement dans leurs ouvrages.

Au-dessous de ces apparences de la campagne, qui, sous le nom de paysage, enchantent notre regard et ravissent nos sens, il y a toujours une cause naturelle ou humaine qui les a produites ou qui en a été l’occasion. Or cette cause, tantôt saisissable à première vue, tantôt obscure, complexe ou mystérieuse, est toujours aussi intéressante à reconnaître qu’elle est attachante à rechercher : en telle sorte que nous ne saurions dire, pour notre part, quelle est la limite non pas de regard, mais d’esprit, de pensée, mais d’interne et contemplative méditation, au delà de laquelle cesse d’exister ou de pouvoir s’étendre indéfiniment encore le charme d’un paysage ; soit qu’il s’offre à nous dans la nature, soit surtout lorsqu’un peintre habile s’est chargé d’en faire sur la toile une expressive interprétation. Je vois ici des mamelons de terre ocreuse que recouvre comme d’un