fuir, arrivent en effet à Meyringen avant le déluge et secs de leurs personnes. Pour les autres, en voulant parer aux averses partielles, ils donneront aux escadrons de nuées le temps de les atteindre et de les noyer. Tel est, en effet, le sort que se ménage l’arrière-garde en s’arrêtant ici sous la saillie des rochers, là sous l’auvent d’un chalet, plus loin sous le porche d’une école sans écoliers. « Hélas ! nous dit la bonne femme qui est sur le seuil, c’est mon mari qui est le régent, mais voici un an qu’il est pris de la fièvre jaune (la jaunisse). — Et l’école alors ? — Que voulez-vous ? l’école, elle a congé pour c’t’année. » Voilà qui est primitif ! Néanmoins on frémit en songeant que c’est tout au plus si ces petits pâtres d’alentour font des vœux bien sincères pour le déjaunissement si désirable de leur vertueux instituteur.
Plus loin nous croisons des caravanes qui s’efforcent d’atteindre avant l’ouverture du quatrième seau les chalets de la Hændeck, et parmi eux nous avons la surprise de découvrir la variété de touriste la plus rare, la plus extraordinaire, la plus inconcevable, c’est le Français nono ! oui, aussi nono, aussi muet que peut l’être le plus muet, le plus poisson de ces grands cétacés qu’envoie Albion dans nos montagnes. Du reste il y en a là une famille tout entière ; et si nous ne sommes pas sautés sur cette trouvaille pour en prendre possession et la faire empailler, c’est uniquement par un reste de respect pour les convenances sociales, qui n’autorisent guère ces sortes de captures. Nous nous bornons donc à regarder de tous