comme des monarques, fastueux comme des princes, émules comme des primats, et libres comme des républicains.
Quoi qu’il en soit, arrivés à l’extrémité de la place du Pô, nous passons le fleuve pour aller visiter le bel édifice qui s’élève majestueusement sur l’autre rive et qui complète la belle ordonnance de ce superbe forum. Un portefaix qui a épié nos mouvements se met aussitôt à notre service : pour tout costume, ce brave homme porte un bout de culotte et chemise, plus une veste sur l’épaule ; mais, naturellement orateur, il se drape, il prend des poses, il pérore à fil, et il proclame à la face du monde entier qu’il est, qu’il sera, qu’il veut être le guide fidèle des très-nobles seigneurs !… Subjugués par tant d’éloquence, nous nous laissons faire, et toujours drapé, toujours oratoire, le portefaix nous fait descendre, remonter, redescendre encore le gigantesque escalier de l’édifice. Tout ce que nous pouvons comprendre du motif de ces évolutions, c’est que, comme à la Grande-Croix, la clef des caveaux s’est égarée… Mais ici, sous les rayons d’un soleil ardent, sur des dalles brûlantes, le moulinet n’a plus le même charme. À la fin, la clef est retrouvée, nous visitons caveaux, chœur, galeries, après quoi l’orateur reçoit vingt sous pour sa peine sans nous rien payer pour la nôtre.
Les cicerone, mais surtout les cicerone en titre, sont le fléau du voyageur, la vermine des édifices et musées toujours prête à sauter sur sa proie et à gâter de piqûre ou de démangeaison les plus précieux moments. On