Page:Topffer - Nouvelles genevoises.djvu/10

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gaz a fait briller de toutes parts à mes yeux éblouis.

Cependant, lorsque je veux me donner une jouissance complète et toute de mon goût dans mes excursions, ce ne sont pas les grands monuments ni les inventions modernes que je recherche de préférence ; ce sont plutôt les hommes et les choses qui ne sont plus, et que l’histoire et les voyageurs m’ont fait connaître dans les anciennes descriptions de Paris ; je puis de cette manière comparer le passé au présent : je m’informe de la rue où logeait madame de Sévigné, de celle d’où partait Racine pour se rendre au passage du roi ; je veux connaître la maison de Boileau, celle de Bossuet, celle enfin de tous les écrivains célèbres qui m’ont appris à lire et à parler. J’aime à me perdre au Marais, où demeurait autrefois la belle société ; j’évite le Panthéon, mais je regarde avec plaisir de loin la coupole de Sainte-Geneviève, votre patronne, qu’on a exilée ; je passe rapidement sur le quai Voltaire, mes regards fixés sur la Seine ; enfin, longeant le fleuve, j’arrive, un peu fatigué, au Palais-Bourbon : c’est là que se trouve la chambre des députés. — C’est le Vésuve.

À cette idée du Vésuve, je sens battre mon cœur, mes yeux cherchent le ciel d’Italie et le beau soleil qui rayonne sur l’heureuse Parthénope. — Il faut l’oublier ; mais, pour y parvenir, il faudrait cesser de vivre. Naples ! Naples ! pays d’enchantements ! reçois d’ici mes tristes et derniers adieux. — Adieu à jamais !


Quelques gouttes de pluie m’avertissent que ma promenade est terminée ; des nuages sombres menacent dans l’éloignement ; je reviens au logis, et, pour me distraire des émotions qui m’ont troublé, je récite tout bas une fable de la Fontaine.

J’irais volontiers passer la soirée dans un des cercles où se réunissent tant d’hommes distingués ; les Parisiens sont si affables, qu’ils m’y recevraient sans peine : mais les