femmes n’y sont pas admises ; et que faire dans un cercle sans elles, à moins de parler politique ? Or je vous confierai, entre nous, que j’ai une telle inaptitude pour cette science, qu’un des hommes les plus patients que je connaisse s’est vainement donné la peine de m’expliquer tout au long ce qu’il faut entendre par un doctrinaire, par le centre gauche, le juste milieu, la coalition, etc., dénominations nouvelles pour moi, qui retentissent à mes oreilles depuis mon arrivée en France. Eh bien, monsieur, je n’y ai rien compris. Il en est résulté dans ma tête faible un mélange confus, un chaos aussi incohérent que celui qu’on observe journellement dans la chambre elle-même des députés.
Vous parlerai-je encore d’une autre difficulté qui m’empêche d’écrire aujourd’hui ? je trouve une si grande différence entre les idées que je m’étais faites dans ma jeunesse sur la littérature, et celles que je vois adoptées maintenant par les auteurs jouissant de la faveur publique, que j’en suis déconcerté ; je les admire souvent, souvent aussi je ne les comprends pas : je vois des mots, des expressions bizarres et dont je ne puis pas saisir le sens. Que s’est-il donc passé pendant le long séjour que j’ai fait dans le Nord ? Me faudra-t-il apprendre une nouvelle langue dans mes vieux jours ? Je n’en ai pas le courage.
J’espère, monsieur, vous avoir persuadé de l’impossibilité où je suis d’ajouter quelque chose à mon petit recueil ; cependant le désir que j’ai de répondre à votre bonne intention m’engage à vous envoyer des opuscules que je viens de recevoir, et qui pourraient faire suite aux miens. Ne pouvant vous offrir des ouvrages que je n’ai pas eu la possibilité de faire, je vous recommande ceux-ci, que je voudrais avoir faits. Je ne connais pas l’auteur, M. Topffer, de Genève, autrement que par le plaisir que m’a donné leur lecture, et je suis sûr que vous le partagerez, ainsi que vos lecteurs, si vous les publiez ; vous pouvez surtout les recommander aux lecteurs qui, se trouvant encore sous