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Page:Topffer - Nouvelles genevoises.djvu/151

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embarras : — Je reviendrai, puisqu’il n’y est pas. Et, après s’être légèrement inclinée, elle s’en allait, me laissant tellement hors de moi, que je ne songeai à la reconduire qu’après qu’elle eut déjà franchi le seuil de la bibliothèque. Alors seulement je me pressai sur ses pas. Elle était troublée, moi aussi ; et pendant que, dans l’obscurité du vestibule, nous cherchions ensemble à ouvrir la porte, nos mains s’étant rencontrées, un frisson de plaisir circula par tout mon corps. Elle sortit ; je restai seul, seul au monde.




À peine fut-elle loin, que ma harangue revint tout entière. Je me mis à déplorer ma gaucherie, ma sottise, mon embarras. J’ignorais alors que cet embarras, cette gaucherie, ont aussi leur langage éloquent auprès de quelques femmes, et plus malaisé à contrefaire que l’autre. Bientôt pourtant me rappelant son air, son trouble et son regard, je fus moins mécontent. J’allais me replacer vers la fenêtre pour la voir sortir, lorsque j’entendis la porte s’ouvrir. Je n’eus que le temps de sauter sur le lit de mon oncle, où je me cachai derrière les vieux rideaux verts qui en écartaient le jour.

— Mais, ma belle enfant, ce que vous me dites là…

— Un jeune homme, je vous assure, monsieur Tom.

— Un jeune homme ! ici ! Impudent ! Et comment est-il fait ?

— Il est fait… Il n’a pas l’air impudent, monsieur.

— Ce n’est pas autre chose… Permettez, s’introduire ainsi…

— Peut-être quelqu’un de votre connaissance…

— Moi ou mon neveu ; personne autre.