Page:Topffer - Nouvelles genevoises.djvu/152

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— Je crois… que c’est lui, dit-elle en baissant la voix et les yeux.

— Lui ! que je quitte en cet instant ! au-dessous de cette chambre !… Et dites-moi, le connaissez-vous, mon neveu ?

Ici il y eut une pause, une pause d’un siècle.

— Vous rougissez, ma belle enfant !… Soyez sûre que vous en pourriez rencontrer de moins honnêtes… de moins aimables aussi… Mais dites, d’où le connaissez-vous ?

— Monsieur,… vous dites qu’il demeure au-dessous de votre chambre. J’y ai vu quelquefois à la fenêtre… le même jeune homme qui m’a reçue ici.

— Impossible, je vous dis. C’est bien mon neveu que vous avez vu à la fenêtre, car il y passe sa vie ; mais pour s’être introduit ici, il en est bien innocent ; mon pauvre Jules ! Et je vous dirai pourquoi. Hier au soir, vers neuf heures, l’étourdi s’était perché sur un échafaudage, sans que j’aie pu comprendre pour quelle cause ; si ce n’est peut-être pour quelque espièglerie dans la salle de l’hôpital vis-à-vis. (Ici la jeune fille, de plus en plus troublée, détourna la tête de mon côté, pour cacher à mon oncle sa rougeur.) Et puis crac… un grand bruit ; j’accours, et je le trouve gisant, de telle façon que je l’ai fait mettre au lit, où il est encore… Mais tenez, voici, moi, ce que je suppose. Une jeune personne de votre air doit souvent trouver des jeunes gens sur ses pas. Quelqu’un d’eux, plus hardi,… vous m’entendez… a pu vous précéder. Pas de honte, ma fille, pas de honte ; il n’y en a pas à être belle… Eh bien, laissons cela si cela vous embarrasse, une autre fois je fermerai mieux ma porte, et parlons d’autre chose. Vous me rapportiez mon livre ! Hem, que dites-