Page:Topffer - Nouvelles genevoises.djvu/156

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peut-être, qui a pu la toucher ; et ce mot, le découvrir entre un million d’autres ! Cependant une invincible curiosité me poussait à le chercher, comme si mon sort eût dépendu de cette découverte.

Je me mis à l’œuvre. Oh ! que de grimoire passa sous mes yeux ! quelle ardeur à l’étude ! Si mon oncle m’eût vu, ou seulement mon professeur ! — Studieux jeune homme, ménagez-vous, m’eût-il dit ; vous y allez trop fort.

C’était un recueil de vieilles chroniques du moyen âge, où étaient relatées maintes aventures fabuleuses, amoureuses, maintes pièces de blason, des notes, des actes ; un pot pourri dans le goût de mon oncle. J’y trouvai pourtant beaucoup de choses qui pouvaient s’appliquer à elle, à moi, mais non plus qu’à tout autre. J’arrivai ainsi à la deux centième page.

Cependant la vis criait, l’échelle roulait, une agitation extrême se manifestait dans la chambre de mon oncle, et évidemment, pendant que je me livrais à l’étude, il perdait son temps. Il me vint une idée… Je montai.




En effet, mon oncle Tom était dans un état déplorable, comme une lionne à qui… Je veux dire qu’il errait, cherchant son bouquin, le redemandant à ses layettes, à sa table, au ciel ; le trouble et le désordre avaient envahi son tranquille et silencieux domaine.

— Volé ! je suis volé, Jules… et perdu ! (Il m’expliqua le fait.) Ce livre est sans prix, introuvable, et j’étais sur le point, à la page même… Mais je n’ai plus mon autorité ! Ô Libanius ! tu vas triompher !

— Pas possible ! Il faut absolument… voyons… et à quelle page, mon oncle ?