Page:Topffer - Nouvelles genevoises.djvu/182

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causèrent un soulagement si grand, qu’aussitôt il reprit sa gaieté.

— Ohé ! mon pauvre Jules, est-ce sur moi que tu pleures ?… Bon ! bon ! qu’à cela ne tienne, mon enfant, on vivra… À quatre-vingt-quatre, on connaît le métier… Et puis, mon Hippocrate est là… Ne pleurons pas, mon enfant. Il s’agit de beaux-arts,… de rien autre,… et puis de ton sort. L’âge arrive, vois-tu bien, à toi comme à moi… Tu ne veux pas du droit ? c’est permis ; Eh bien, mets-toi aux beaux-arts,… car il est vrai qu’il faut se plaire à son métier. Tu prendras la madone ; nous te chercherons un atelier… Tu commenceras ici, tu finiras à Rome ; ce sera pour le mieux. Le mal serait de végéter ; avec un but, on travaille, on marche, on arrive, on se marie…

Je l’interrompis : — Jamais ! mon oncle.

— Jamais ? soit ; c’est permis… Mais pourquoi, Jules, te fais-tu célibataire ?

— C’est que, lui repris-je avec embarras, je me le suis juré à moi-même… depuis que…

— Pauvre fille !… si sage !… Eh bien, suis ton idée ; c’est permis. Je n’en suis pas mort. L’important, c’est que tu prennes un état, et nous allons nous en occuper.

Je fis un effort afin de paraître joyeux de quitter le droit pour les beaux-arts ; mais j’avais le cœur trop pénétré de tristesse et de reconnaissance, pour qu’aucun autre sentiment y trouvât place. Au bout de quelques instants, je me retirai, après avoir tendrement embrassé mon oncle.




Ainsi s’explique ma seconde assertion. Vous com-