Page:Topffer - Nouvelles genevoises.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Eh bien ?…

— Tu l’aimes ?

— Ardemment !

— Et voilà, Jules, ce qui n’est pas bien !




À ces mots, que mon oncle prononça avec une sorte de gravité solennelle, je fus, je l’avoue, tenté de rire, présumant que ces alarmes au sujet de mon honnêteté provenaient de quelque commérage de servante dont la vieille aurait cru devoir lui faire la confidence. — Pour cette fois, repris-je, je n’y suis plus du tout ! Cette jeune fille, je l’aime en effet, et je venais vous prier d’aller dès demain auprès de ses parents pour demander sa main au nom de votre neveu. Où est le mal, bon oncle ?

Alors mon oncle : — Tu ?… Comment as-tu dit ?

Tu veux te marier ?… Et tu es cause, dit-il en se levant avec vivacité, que je viens d’affirmer à son père tout justement le contraire !!!

— Perdu ! m’écriai-je, perdu ! Bon oncle, qu’avez-vous fait ?

— Mais j’ai fait… j’ai fait… ce que la loyauté me commandait de faire… Écoute… écoute donc. Tout à l’heure, ce diable d’homme vient chez moi brusquement ; il dit que tu courtises sa fille… il dit que tu as compromis sa fille… il demande ce que peut risquer sa fille, et si tu songes à l’hyménée… Alors je lui réponds qu’au contraire tu t’es juré à toi-même…

— Ah ! perdu ! interrompis-je. Et je me livrai à tout l’emportement du désespoir.




À peine mon oncle Tom eut-il compris que mes in-