Page:Topffer - Nouvelles genevoises.djvu/220

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tentions étaient pures et mon honnêteté intacte, que, le vif regret d’avoir compromis involontairement mes espérances effaçant chez lui jusqu’à cette prudence réfléchie qui est le propre des vieillards, il fut aussitôt bien plus préoccupé des moyens d’apporter un prompt remède à mon chagrin, que d’apprécier la sagesse ou les convenances du mariage dont je lui parlais alors pour la première fois.

Pendant que j’étais à me désoler : — Voyons, voyons, répétait-il en se promenant dans la chambre… voyons à nous tirer de là… Bon Dieu ! j’aurais dû songer… Ces serments, à ton âge, on les fait… c’est permis,… on les défait, c’est permis aussi… Le mal, c’est qu’au mien on a oublié toutes ces péripéties… Puis, s’approchant de moi : — Courage ! mon pauvre Jules… courage ! Rien n’est perdu… Demain j’irai… j’expliquerai, je démontrerai…

— Demain ? dis-je avec effroi. Ce soir !… ce soir ! bon oncle, en cet instant ! Vous les trouverez rassemblés. Le matin, il sort…

— Mais… bon Dieu ! ce soir !… et puis la jeune fille qui sera là !

— Qu’importe ! ils la feront se retirer, s’ils le jugent à propos. Ce soir, je vous en conjure, bon oncle !

— Allons ! eh bien, va pour ce soir !… Il est pourtant dix heures ; appelle la vieille, pour que je m’habille un peu.

Je profitai des instants pour mettre mon oncle au fait de tout ce qui s’était passé. Bientôt il eut quitté ses pantoufles pour mettre ses souliers à boucles ; je lui ajustai sa perruque, après l’avoir proprement poudrée ; Marguerite et moi nous l’aidâmes à endosser le bel habit marron ; puis je lui donnai sa canne, tout en l’in-